BY Katia Mehanneche | April 12 2018
Kilimanjaro Mon Amour….
“La décision est prise avec le coeur, avec les tripes, c’est mon âme qui a décidé pour moi. Ma tête, elle, m’a montré les peurs, les risques, mon manque de préparation physique, toutes les bonne raisons de ne pas y aller”
“Au commencement, un vieux rêve, celui d’escalader le Mont Kilimanjaro. Une opportunité, la story Instagram de Rami qui montre des images époustouflantes de l’ascension et surtout qui donne envie, au travers d’un esprit différent des autres voyagistes, un organisateur qui chante pendant l’ascension c’est pas commun et ça parle à mon coeur ! Et là ça matche ! Comme une vérité, une nécessité d’être là, de le faire, de réaliser ce rêve qui est plus que ça, qui est comme une raison de vivre, surtout ne pas râter cette occasion. Pourquoi ? pour réaliser ce vieux rêve ? non pour plus que ça mais je ne sais pas encore pourquoi….
La décision est prise avec le coeur, avec les tripes, c’est mon âme qui a décidé pour moi. Ma tête, elle, m’a montré les peurs, les risques, mon manque de préparation physique, toutes les bonne raisons de ne pas y aller. Et pourtant, le coeur l’emporte toujours sur la raison, et là tout s’enclenche, le paiement, le billet d’avion, les chaussures, l’équipement, il est trop tard pour faire marche arrière même si jusqu’à la dernière minute la peur était là, blottie prête à débarquer pour tout arrêter mais non, l’envie et l’excitation ont été plus fortes que la peur !
Et c’est le début de l’aventure. Dès le 1er jour, des nausées à la porte du parc du Kilimanjaro : la peur revient, de vieilles émotions surgissent. Au fil de la marche c’est la joie d’être là, de partager ces moments d’immersion dans la nature avec ces inconnus qui ne le sont plus par la force qui lie les âmes entre elles. Mon Kilimanjaro je l’ai fait deux fois, et dès le 1er jour de marche. Au fil de la progression dans cette « rain forest » qui porte bien son nom, où l’humidité côtoie le brouillard, le soleil et la lumière sont des cadeaux rares. Cette ambiance a ravivé en moi des émotions profondes, des blessures anciennes que j’ai caché pour ne pas souffrir, une tristesse et une culpabilité que je ne pouvais supporter dans la vie de tous les jours. Mais quand on démarre le Kilimanjaro, on a la force d’affronter ce qui est en nous, sinon on ne peut pas avancer. Et cette nature sauvage m’a donné la force de me débarrasser de ces émotions, j’ai pleuré autant que la forêt est gorgé d’humidité jusque dans ses racines.
Après cette raclée salvatrice auquelle je ne m’attendais pas, c’était comme le beau temps après l’orage, une fatigue d’avoir lâché ces fardeaux a laissé place à la légèreté de l’être, la légèreté de l’âme qui n’est que joie et amour. Sur mon chemin, des pierres en forme de coeur comme si la nature me témoignait son amour et m’encourageait. Au soir de mon 2ème jour, la nuit les yeux fermés, j’étais envahie d’images de coeurs. Malgré la difficulté de la marche vers le sommet qui ne nous a offert que de pires conditions de pluie, de froid, de vent, sans parler des autres désagréments physiques, je me sentais comme portée par une énergie qui vient de la nature, de la montagne.
“Mais quand on démarre le Kilimanjaro, on a la force d’affronter ce qui est en nous, sinon on ne peut pas avancer. Et cette nature sauvage m’a donné la force de me débarrasser de ces émotions, j’ai pleuré autant que la forêt est gorgé d’humidité jusque dans ses racines.”
La montagne porte ceux qui la comprennent, qui la respectent. Etre connecté à la montagne c’est d’abord être connecté à soi-même, à ses émotions, à son âme qui sait quel chemin emprunter, et se laisser guider, accepter de faire confiance à cette force de la nature qui est déjà en nous. Malgré les difficultés, l’énergie de la nature nous envahie et malgré la fatigue chaque soir, demain reste un nouveau jour plein de nouvelles découvertes de soi-même.
Mon 2ème Kilimanjaro a démarré le soir de l’ascension du sommet. J’étais heureuse de ce que j’avais déjà accomplie et atteindre le sommet était pour moi une cerise sur le magnifique gâteau que la nature m’avait déjà offert le 1er jour. L’ascension a été la plus difficile épreuve physique que j’ai eu à relever de toute ma vie, et pourtant, j’ai eu un accident de montagne qui a failli me coûter la vie, alors je pèse vraiment mes mots. Et là, faire partie d’une équipe apporte tout son sens. Marcher au même rythme, au pas, profiter de la lumière de son équipier devant et derrière, savoir que l’on fait partie d’une cordée et que l’on souffre tous de la même manière, ne pas se poser de questions mais juste avancer, ne pas regarder trop autour de soi pour ne pas se décourager, c’est la nuit noire après tout même si les étoiles sont radieuses de lumière, attendre patiemment le lever du soleil qui égaiera ce tableau douloureux, car l’ascension se mérite, elle est réservée à ceux qui l’ont porté dans leur coeur, elle est douloureuse mais au combien précieuse car elle nous oblige à puiser nos forces de l’intérieur, du plus profond de notre âme pour malgré la difficulté trouver du sens et continuer. Avec l’aide de l’équipe de Rami, j’ai pu atteindre le sommet, portée par un guide qui a accéléré ce processus d’intégration de l’expérience malgré mon état avancé de déshydratation. J’étais déçue de devoir être portée jusqu’à ce fameux sommet car je voulais y parvenir sur mes deux pieds fermes. Mais finalement, l’aventure je l’ai faite, car chaque pas jusqu’au bout, même soutenue sur les derniers mètres, était un pas au plus profond de moi-même et aujourd’hui, je comprends que la force que j’ai puisé pour parvenir à ce sommet est une force déjà en moi qui me montre que la vie commence d’abord en soi et se prolonge à l’extérieur de soi. Ca semble évident de dire ça mais le vivre dans son coeur et ses tripes c’est ce que le Kilimanjaro m’a appris.
La vie et l’amour est en chacun de nous et cet amour de soi et de tout ce qui nous entoure nous donne des ailes pour aller au-delà de nos limites. Le Kilimanjaro est en nous. Kilimanjaro tu resteras mon amour pour toujours….Merci Rami d’avoir été l’artisan qui a forgé les conditions pour que mon âme puisse s’exprimer sur le chemin du Kilimanjaro…”